• A l'orée d'une grande forêt vivaient un pauvre bûcheron, sa femme et ses deux enfants. Le garçon s'appelait Hansel et la fille Grethel. La famille ne mangeait guère. Une année que la famine régnait dans le pays et que le pain lui-même vint à manquer, le bûcheron ruminait des idées noires, une nuit, dans son lit et remâchait ses soucis. Il dit à sa femme - Qu'allons-nous devenir ? Comment nourrir nos pauvres enfants, quand nous n'avons plus rien pour nous-mêmes ? - Eh bien, mon homme, dit la femme, sais-tu ce que nous allons faire ? Dès l'aube, nous conduirons les enfants au plus profond de la forêt nous leur allumerons un feu et leur donnerons à chacun un petit morceau de pain. Puis nous irons à notre travail et les laisserons seuls. Ils ne retrouveront plus leur chemin et nous en serons débarrassés. - Non, femme, dit le bûcheron. je ne ferai pas cela ! Comment pourrais-je me résoudre à laisser nos enfants tout seuls dans la forêt ! Les bêtes sauvages ne tarderaient pas à les dévorer. - Oh ! fou, rétorqua-t-elle, tu préfères donc que nous mourions de faim tous les quatre ? Alors, il ne te reste qu'à raboter les planches de nos cercueils. Elle n'eut de cesse qu'il n'acceptât ce qu'elle proposait. - Mais j'ai quand même pitié de ces pauvres enfants, dit le bûcheron. Les deux petits n'avaient pas pu s'endormir tant ils avaient faim. Ils avaient entendu ce que la marâtre disait à leur père. Grethel pleura des larmes amères et dit à son frère : - C'en est fait de nous - Du calme, Grethel, dit Hansel. Ne t'en fais pas ; Je trouverai un moyen de nous en tirer. Quand les parents furent endormis, il se leva, enfila ses habits, ouvrit la chatière et se glissa dehors. La lune brillait dans le ciel et les graviers blancs, devant la maison, étincelaient comme des diamants. Hansel se pencha et en mit dans ses poches autant qu'il put. Puis il rentra dans la maison et dit à Grethel : - Aie confiance, chère petite soeur, et dors tranquille. Dieu ne nous abandonnera pas. Et lui-même se recoucha. Quand vint le jour, avant même que le soleil ne se levât, la femme réveilla les deux enfants : - Debout, paresseux ! Nous allons aller dans la forêt pour y chercher du bois. Elle leur donna un morceau de pain à chacun et dit : - Voici pour le repas de midi ; ne mangez pas tout avant, car vous n'aurez rien d'autre. Comme les poches de Hansel étaient pleines de cailloux, Grethel mit le pain dans son tablier. Puis, ils se mirent tous en route pour la forêt. Au bout de quelque temps, Hansel s'arrêta et regarda en direction de la maison. Et sans cesse, il répétait ce geste. Le père dit : - Que regardes-tu, Hansel, et pourquoi restes-tu toujours en arrière ? Fais attention à toi et n'oublie pas de marcher ! - Ah ! père dit Hansel, Je regarde mon petit chat blanc qui est perché là-haut sur le toit et je lui dis au revoir. La femme dit : - Fou que tu es ! ce n'est pas le chaton, c'est un reflet de soleil sur la cheminée. Hansel, en réalité, n'avait pas vu le chat. Mais, à chaque arrêt, il prenait un caillou blanc dans sa poche et le jetait sur le chemin. Quand ils furent arrivés au milieu de la forêt, le père dit : - Maintenant, les enfants, ramassez du bois ! je vais allumer un feu pour que vous n'ayez pas froid. Hansel et Grethel amassèrent des brindilles au sommet d'une petite colline. Quand on y eut mit le feu et qu'il eut bien pris, la femme dit : - Couchez-vous auprès de lui, les enfants, et reposez-vous. Nous allons abattre du bois. Quand nous aurons fini, nous reviendrons vous chercher. Hansel et Grethel s'assirent auprès du feu et quand vint l'heure du déjeuner, ils mangèrent leur morceau de pain. Ils entendaient retentir des coups de hache et pensaient que leur père était tout proche. Mais ce n'était pas la hache. C'était une branche que le bûcheron avait attachée à un arbre mort et que le vent faisait battre de-ci, de-là. Comme ils étaient assis là depuis des heures, les yeux finirent par leur tomber de fatigue et ils s'endormirent. Quand ils se réveillèrent, il faisait nuit noire. Grethel se mit à pleurer et dit : - Comment ferons-nous pour sortir de la forêt ? Hansel la consola - Attends encore un peu, dit-il, jusqu'à ce que la lune soit levée. Alors, nous retrouverons notre chemin. Quand la pleine lune brilla dans le ciel, il prit sa soeur par la main et suivit les petits cailloux blancs. Ils étincelaient comme des écus frais battus et indiquaient le chemin. Les enfants marchèrent toute la nuit et, quand le jour se leva, ils atteignirent la maison paternelle. Ils frappèrent à la porte. Lorsque la femme eut ouvert et quand elle vit que c'étaient Hansel et Grethel, elle dit : - Méchants enfants ! pourquoi avez-vous dormi si longtemps dans la forêt ? Nous pensions que vous ne reviendriez jamais. Leur père, lui, se réjouit, car il avait le coeur lourd de les avoir laissés seuls dans la forêt. Peu de temps après, la misère régna de plus belle et les enfants entendirent ce que la marâtre disait, pendant la nuit, à son mari : - Il ne nous reste plus rien à manger, une demi-miche seulement, et après, finie la chanson ! Il faut nous débarrasser des enfants ; nous les conduirons encore plus profond dans la forêt pour qu'ils ne puissent plus retrouver leur chemin ; il n'y a rien d'autre à faire. Le père avait bien du chagrin. Il songeait - « Il vaudrait mieux partager la dernière bouchée avec les enfants. » Mais la femme ne voulut n'en entendre. Elle le gourmanda et lui fit mille reproches. Qui a dit « A » doit dire « B. »Comme il avait accepté une première fois, il dut consentir derechef. Les enfants n'étaient pas encore endormis. Ils avaient tout entendu. Quand les parents furent plongés dans le sommeil, Hansel se leva avec l'intention d'aller ramasser des cailloux comme la fois précédente. Mais la marâtre avait verrouillé la porte et le garçon ne put sortir. Il consola cependant sa petite soeur : - Ne pleure pas, Grethel, dors tranquille ; le bon Dieu nous aidera. Tôt le matin, la marâtre fit lever les enfants. Elle leur donna un morceau de pain, plus petit encore que l'autre fois. Sur la route de la forêt, Hansel l'émietta dans sa poche ; il s'arrêtait souvent pour en jeter un peu sur le sol. - Hansel, qu'as-tu à t'arrêter et à regarder autour de toi ? dit le père. Va ton chemin ! - Je regarde ma petite colombe, sur le toit, pour lui dire au revoir ! répondit Hansel. - Fou ! dit la femme. Ce n'est pas la colombe, c'est le soleil qui se joue sur la cheminée. Hansel, cependant, continuait à semer des miettes de pain le long du chemin. La marâtre conduisit les enfants au fin fond de la forêt, plus loin qu'ils n'étaient jamais allés. On y refit un grand feu et la femme dit : - Restez là, les enfants. Quand vous serez fatigués, vous pourrez dormir un peu nous allons couper du bois et, ce soir, quand nous aurons fini, nous viendrons vous chercher. À midi, Grethel partagea son pain avec Hansel qui avait éparpillé le sien le long du chemin. Puis ils dormirent et la soirée passa sans que personne ne revînt auprès d'eux. Ils s'éveillèrent au milieu de la nuit, et Hansel consola sa petite soeur, disant : - Attends que la lune se lève, Grethel, nous verrons les miettes de pain que j'ai jetées ; elles nous montreront le chemin de la maison. Quand la lune se leva, ils se mirent en route. Mais de miettes, point. Les mille oiseaux des champs et des bois les avaient mangées. Les deux enfants marchèrent toute la nuit et le jour suivant, sans trouver à sortir de la forêt. Ils mouraient de faim, n'ayant à se mettre sous la dent que quelques baies sauvages. Ils étaient si fatigués que leurs jambes ne voulaient plus les porter. Ils se couchèrent au pied d'un arbre et s'endormirent. Trois jours s'étaient déjà passés depuis qu'ils avaient quitté la maison paternelle. Ils continuaient à marcher, s'enfonçant toujours plus avant dans la forêt. Si personne n'allait venir à leur aide, ils ne tarderaient pas à mourir. À midi, ils virent un joli oiseau sur une branche, blanc comme neige. Il chantait si bien que les enfants s'arrêtèrent pour l'écouter. Quand il eut fini, il déploya ses ailes et vola devant eux. Ils le suivirent jusqu'à une petite maison sur le toit de laquelle le bel oiseau blanc se percha. Quand ils s'en furent approchés tout près, ils virent qu'elle était faite de pain et recouverte de gâteaux. Les fenêtres étaient en sucre. - Nous allons nous mettre au travail, dit Hansel, et faire un repas béni de Dieu. Je mangerai un morceau du toit ; ça a l'air d'être bon ! Hansel grimpa sur le toit et en arracha un petit morceau pour goûter. Grethel se mit à lécher les carreaux. On entendit alors une voix suave qui venait de la chambre - Langue, langue lèche ! Qui donc ma maison lèche ? Les enfants répondirent - C'est le vent, c'est le vent. Ce céleste enfant. Et ils continuèrent à manger sans se laisser détourner de leur tâche. Hansel, qui trouvait le toit fort bon, en fit tomber un gros morceau par terre et Grethel découpa une vitre entière, s'assit sur le sol et se mit à manger. La porte, tout à coup, s'ouvrit et une femme, vieille comme les pierres, s'appuyant sur une canne, sortit de la maison. Hansel et Grethel eurent si peur qu'ils laissèrent tomber tout ce qu'ils tenaient dans leurs mains. La vieille secoua la tête et dit : - Eh ! chers enfants, qui vous a conduits ici ? Entrez, venez chez moi ! Il ne vous sera fait aucun mal. Elle les prit tous deux par la main et les fit entrer dans la maisonnette. Elle leur servit un bon repas, du lait et des beignets avec du sucre, des pommes et des noix. Elle prépara ensuite deux petits lits. Hansel et Grethel s'y couchèrent. Ils se croyaient au Paradis. Mais l'amitié de la vieille n'était qu'apparente. En réalité, c'était une méchante sorcière à l'affût des enfants. Elle n'avait construit la maison de pain que pour les attirer. Quand elle en prenait un, elle le tuait, le faisait cuire et le mangeait. Pour elle, c'était alors jour de fête. La sorcière avait les yeux rouges et elle ne voyait pas très clair. Mais elle avait un instinct très sûr, comme les bêtes, et sentait venir de loin les êtres humains. Quand Hansel et Grethel s'étaient approchés de sa demeure, elle avait ri méchamment et dit d'une voix mielleuse : - Ceux-là, je les tiens ! Il ne faudra pas qu'ils m'échappent ! À l'aube, avant que les enfants ne se soient éveillés, elle se leva. Quand elle les vit qui reposaient si gentiment, avec leurs bonnes joues toutes roses, elle murmura : - Quel bon repas je vais faire ! Elle attrapa Hansel de sa main rêche, le conduisit dans une petite étable et l'y enferma au verrou. Il eut beau crier, cela ne lui servit à rien. La sorcière s'approcha ensuite de Grethel, la secoua pour la réveiller et s'écria : - Debout, paresseuse ! Va chercher de l'eau et prépare quelque chose de bon à manger pour ton frère. Il est enfermé à l'étable et il faut qu'il engraisse. Quand il sera à point, je le mangerai. Grethel se mit à pleurer, mais cela ne lui servit à rien. Elle fut obligée de faire ce que lui demandait l'ogresse. On prépara pour le pauvre Hansel les plats les plus délicats. Grethel, elle, n'eut droit qu'à des carapaces de crabes. Tous les matins, la vieille se glissait jusqu'à l'écurie et disait : - Hansel, tends tes doigts, que je voie si tu es déjà assez gras. Mais Hansel tendait un petit os et la sorcière, qui avait de mauvais yeux, ne s'en rendait pas compte. Elle croyait que c'était vraiment le doigt de Hansel et s'étonnait qu'il n'engraissât point. Quand quatre semaines furent passées, et que l'enfant était toujours aussi maigre, elle perdit patience et décida de ne pas attendre plus longtemps. - Holà ! Grethel, cria-t-elle, dépêche-toi d'apporter de l'eau. Que Hansel soit gras ou maigre, c'est demain que je le tuerai et le mangerai. Ah, comme elle pleurait, la pauvre petite, en charriant ses seaux d'eau, comme les larmes coulaient le long de ses joues ! - Dieu bon, aide-nous donc ! s'écria-t-elle. Si seulement les bêtes de la forêt nous avaient dévorés ! Au moins serions-nous morts ensemble ! - Cesse de te lamenter ! dit la vieille ; ça ne te servira à rien ! De bon matin, Grethel fut chargée de remplir la grande marmite d'eau et d'allumer le feu. - Nous allons d'abord faire la pâte, dit la sorcière. J'ai déjà fait chauffer le four et préparé ce qu'il faut. Elle poussa la pauvre Grethel vers le four, d'où sortaient de grandes flammes. - Faufile-toi dedans ! ordonna-t-elle, et vois s'il est assez chaud pour la cuisson. Elle avait l'intention de fermer le four quand la petite y serait pour la faire rôtir. Elle voulait la manger, elle aussi. Mais Grethel devina son projet et dit : - Je ne sais comment faire , comment entre-t-on dans ce four ? - Petite oie, dit la sorcière, l'ouverture est assez grande, vois, je pourrais y entrer moi-même. Et elle y passa la tête. Alors Grethel la poussa vivement dans le four, claqua la porte et mit le verrou. La sorcière se mit à hurler épouvantablement. Mais Grethel s'en alla et cette épouvantable sorcière n'eut plus qu'à rôtir. Grethel, elle, courut aussi vite qu'elle le pouvait chez Hansel. Elle ouvrit la petite étable et dit : - Hansel, nous sommes libres ! La vieille sorcière est morte ! Hansel bondit hors de sa prison, aussi rapide qu'un oiseau dont on vient d'ouvrir la cage. Comme ils étaient heureux ! Comme ils se prirent par le cou, dansèrent et s'embrassèrent ! N'ayant plus rien à craindre, ils pénétrèrent dans la maison de la sorcière. Dans tous les coins, il y avait des caisses pleines de perles et de diamants. - C'est encore mieux que mes petits cailloux ! dit Hansel en remplissant ses poches. Et Grethel ajouta - Moi aussi, je veux en rapporter à la maison ! Et elle en mit tant qu'elle put dans son tablier. - Maintenant, il nous faut partir, dit Hansel, si nous voulons fuir cette forêt ensorcelée. Au bout de quelques heures, ils arrivèrent sur les bords d'une grande rivière. - Nous ne pourrons pas la traverser, dit Hansel, je ne vois ni passerelle ni pont. - On n'y voit aucune barque non plus, dit Grethel. Mais voici un canard blanc. Si Je lui demande, il nous aidera à traverser. Elle cria : - Petit canard, petit canard, Nous sommes Hansel et Grethel. Il n'y a ni barque, ni gué, ni pont, Fais-nous passer avant qu'il ne soit tard. Le petit canard s'approcha et Hansel se mit à califourchon sur son dos. Il demanda à sa soeur de prendre place à côté de lui. - Non, répondit-elle, ce serait trop lourd pour le canard. Nous traverserons l'un après l'autre. La bonne petite bête les mena ainsi à bon port. Quand ils eurent donc passé l'eau sans dommage, ils s'aperçurent au bout de quelque temps que la forêt leur devenait de plus en plus familière. Finalement, ils virent au loin la maison de leur père. Ils se mirent à courir, se ruèrent dans la chambre de leurs parents et sautèrent au cou de leur père. L'homme n'avait plus eu une seule minute de bonheur depuis qu'il avait abandonné ses enfants dans la forêt. Sa femme était morte. Grethel secoua son tablier et les perles et les diamants roulèrent à travers la chambre. Hansel en sortit d'autres de ses poches, par poignées. C'en était fini des soucis. Ils vécurent heureux tous ensemble.


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  • Petits mots doux, petits mots drôles dont seuls les enfants ont le secret.

     " Dis maman, quand on meurt, est-ce que c'est pour la vie ?"

     "Ce matin, mon papa m'a fait des muffins en anglais."

     " Je ne retournerai pas à l'école parce qu'à l'école, on m'apprend des choses que je ne sais pas."

    " Moi, je dors dans mon lit et mon petit frère dans le sien. Maman et papa dorment ensemble parce qu'ils sont de la même grandeur."

    " Aujourd'hui, au parc, j'ai vu un 101 dalmatien."

    " J'adore les biscuits aux bibittes de chocolat."

     " Les voleurs, est-ce qu'ils volent dans le ciel ?"

    " C'est où qu'on achète des sous ?"

    " Quand maman est fatiguée, pourquoi c'est moi qui dois aller se coucher?"

     " Comment ils font les chasseurs pour savoir si c'est un canard à l'orange?"

     " Il ne fait pas noir dehors, il fait bleu. "

    " Maman, comment j'étais quand je n'existais pas? "

    " Mon frère m'a prêté son chandail en cochon ouaté."

    " Je prends une bouchée minuscule, pas majuscule, hein?"

    " Maman, j'ai froid! Je grignote! "

    " Avoir 100 ans, c'est être centenaire. Avoir 1000 ans, c'est-y être millionnaire? "

     " Regarde maman, y'a un sept nain dans l'autobus! "

     " Mon amie Kim, elle habite dans le pâté chinois à Montréal. "

    " J'ai fait des chaussettes aux pommes avec papa !"

    " Le printemps, c'est quand la neige fond et qu'elle repousse en gazon."

     " Notre maison est protégée. Elle a un système de larme pour les voleurs."

     " Quand on ne met pas de crème, le soleil nous donne des coups. "

    " Si j'étais un garçon , est-ce que j'aurais été dans le ventre de papa?"

    " Regarde maman, la madame a un feu de camp sur la lèvre."

     " Viens manger papa, ta crème glacée va refroidir."

    " Cet été à la mer, j'ai couru après une miette, mais elle s'est envolée..."

    " Regarde maman, le petit bébé a déjà perdu toutes ses dents."

     " Moi, mon chat, on l'a acheté dans un ketchup ."

    " Regarde la grosse peine mécanique."

     " Moi, ma mère est PINOTE D'AVION. "

    "Si c'est blanc, pourquoi on appelle ça des guimauves?"

     "Maman, pourquoi je ne peux pas mettre des bas quatre quarts plutôt que des bas 3/4?"

     "Je me suis fait mal en tombant. Le médecin m'a fait des points de futur."

    "Pour Noël, je veux un "joliciel" pour jouer à l'ordinateur."

    "Grand-maman, quand tu étais petite, est-ce qu'il y avait des dinosaures?"

    "Quand je vais avoir un grand sac à dos, je vais aller à l'école."

    "Regarde dans l'eau, il y a une grenouille sur un mini-phare."

     "Regarde le joli épouvantable à oiseaux!"

    "Regarde le beau lever de sommeil!"

    "Maman, quand tu étais petite et que papa était petit, c'était qui mes parents?"

    "Demain, je vais à l'hôpital pour prendre des photocopies."

    "Regarde la grosse peine mécanique."

    "J'étais absent parce que j'ai été opéré des animals."

    "La grève, c'est aussi quand il y a des petits glaçons qui tombent par terre!"

     "Une caverne ... c'est la maison des pompiers !"

     "Pour remplir une bouteille on se sert d'un "manteau noir" (entonnoir)"

    Lorsque Antoine a découvert pour la première fois les betteraves marinées, il s’est exclamé : Maman, des cornichons au raisin… Antoine (4 ans)

    Un jour où je servais des muffins au son et raisins pour le petit déjeuner, Laurence me dit : Maman il y a un petit raisin dans mon muffin et je lui dit : Oui mon cœur, il y en a plein dans ton muffin. Quelques trente secondes plus tard elle dit simplement : Maman les petits raisins secs vivent dans les boîtes rouges. Laurence (5 ans)

     Lorsque je préparais un gâteau et que je versais dans mon bol la farine mon petit fils me dit : Mamie pourquoi tu mets de la farine? et il continue comme suit : Maman l’autre jour a mis de la farine dans son ragoût et c’était pas de la même couleur. Michaël (3 ans)

    Un jour où je faisais cuire des œufs à la coque, Cédrick me dit : Maman je sais les œufs de frigidaire sont des œufs de poules et ceux que tu fais cuire sont des œufs de coqs. Cédrick (4 ans)

     J’avais décoré mon coin lecture avec des photos que j’avais prises au zoo. En entrant dans le local, Étienne les remarque et se met à nommer les animaux qu’il voit… Tout d’un coup il s’écrit : Regardez les amis, c’est un ours scolaire. Étienne (2 ans ½)

     Un jour qu’il faisait plus frais je dis aux enfants de mettre leur coton ouaté avant de sortir, alors Cindy me demande : Il est où mon concombre ouaté. Cindy (4 ans)

     Mon fils Joël avait 3 ans ½ lorsque sa petite sœur haïtienne est arrivée dans notre famille( Joël est notre enfant biologique et nous avions décidé d’adopter pour la deuxième). Un jour, candidement, il me demande : Pourquoi ma petite sœur c’est une Maïssiennne? Joël (3ans ½)

    Lors d’un dîner à la garderie Simon demande à son éducatrice qu’est-ce qu’on mange? Elle lui répond de la pizza au thon. Simon lui demande comment elle fait pour les attraper sans se faire piquer. Simon (4 ans ½)

    Un matin lorsque je peignais les cheveux à Amélie elle me demande pourquoi ses couettes ne sont pas comme celles à Sandrine sa petite amie, je lui réponds que Sandrine a les cheveux frisés et que ces cheveux à elle sont droits, elle me répond : Mes cheveux ne sont pas droits ils sont gauches… Amélie (3 ans ½)

    Ma fille me dit : Le soleil se lève quand la nuit tombe par terre! Juliette (3 ans ½ )

    Antoine veut montrer à son grand frère jusqu’à combien il peut compter. Il commence 1, 2, …..11, 12,13, 14, un-cinq, un-six, un-sept, etc. Antoine (4 ans)

    À la table du dîner, une amie demande à sa copine si le petit bébé à côté d’elle est sa petite sœur et l’autre lui répond : Oui je l’ai acheté à l’hôpital. Jessika (4 ans)

     Je demande à Sandrynn ce qu’elle fera en fin de semaine, elle me répond : Je m’en vais à la banane à sucre. Sandrynn (4 ans)

    Ma petite fille se lève un matin et me dit : Maman j’ai attrapé un torticollier. Chloé (6 ans)

    Nous sommes dans le temps de Pâques et je demande aux enfants s'ils savent de quel pays vient le cacaoyer? Un enfant me répond : Il vient de la toilette. Olivier (4 ans)

     Pour souper ma petite fille me demande si nous pouvons manger des hot dogs timides ( steamés). Chloé (6 ans)

    Un grand-papa et sa fillette se promènent en automobile. Le grand-papa dit à la fillette : Il faut aller réparer ma vitre d’auto car un caillou est tombé dedans. La petite fille pensive dit soudain : Est-ce que Mousseline va tomber bientôt? Roxanne (4 ans)

    Un jour en me promenant je demande à ma fille : Sur quelle rue on reste ? Elle me répond tout simplement : Voyons maman on ne reste pas dans la rue. C’est trop dangereux, on reste sur le trottoir. Audrey-Ann (3 ans)

    Lors du dîner un ami me dit : Pourrais-tu me donner des boutons (croûtons) pour ma salade s.v.p.? Simon (4 ans)

    Lors d’une causerie portant sur le nom des animaux, France demande aux enfants de nommer le papa, la maman et le bébé. Ex. : Chien, chienne, chiot. Lorsque elle prononce le nom canard, Elrick tout empressé de répondre lui dit : France, je le sais, je le sais c’est canard, cane, canot. Elrick (3 ans)

    Ma petite fille a trois ans. Elle m’a dit qu’elle va demander à son arrière-grand-mère de lui gagner un bébé au bingo car son arrière-grand-mère va souvent au bingo et gagne souvent. Alexandra Roy (3 ans)

    Marianne a mal à la gorge et me dit : J’ai des petites roches dans ma gorge… Marianne (3 ans ½)

    Benjamin appelle sa grand-mère ( sa voisine) pour lui demander si elle a de la soupe au sœur (assouplisseur) pour sa maman. Benjamin (3 ans)

    Paméla est un peu trop tannante au goût de son papa qui lui dit : Si tu continues à être tannante comme ça le Père Noël ne passera pas. Le lendemain elle dit à son éducatrice : Si je suis encore tannante je ne passerai pas Noël! Paméla (4 ans)

    Pier-Alain est malade. Je lui donne son antibiotique et il lui fait passer un grand frisson. Il me dit : Il est bon mais il me donne chère la poule (chair de poule). Pier-Alain (4 ans)

    Ma petite fille de 6 ans a appris à écrire à l’école que Dieu est notre père à tous et que c’est lui qui a tout créé. Alors qu’on se promenait à bicyclette s’en faire exprès elle passa sur une chenille alors elle me dit toute triste : Maman je viens de tuer ma petite sœur. Pamela (6 ans)

     Un midi à la garderie on sert du chop suey. Raphaël n’a jamais mangé ça de sa vie et donc n’a jamais entendu ce nom-là. Je remarque sur sa feuille de route qu’il n’a rien mangé à midi lui qui est d’habitude un gros mangeur. Le soir à la maison je lui demande de m’expliquer pourquoi il n’a pas dîner. Candidement il me répond : Mais maman je ne voulais pas manger, le dîner c’était des Chauve-soui…… Raphaël (3 ans)

    Sophie dit à son amie en marchant dans la rue : Attention ne marche pas sur l’igloo ( égout). Sophie (5 ans) Ma fille me raconte un accident à l’école. Elle me dit : Maman c’est épouvantail! Chloé (7 ans)

    Mon fils de 5 ans joue au hockey. Il est dans les magh 1 ( les plus jeunes). Un jour je reçois un téléphone de l’organisation et ils me demandent à quel position joue Guillaume. Je lui pose la question persuadé qu’il me répondra gardien de but car c’est ce qu’il préfère. Pour toute réponse il s’est levé debout et a pris la pose tenant un bâton imaginaire dans ses mains. Guillaume (5 ans)

    La semaine dernière j’ai servi aux enfants pour collation des oranges. Sabrina dit : Moi, Suzanne ma mère dit que c’est bon des oranges pour la santé c’est pleins de vitamines. Sara-Jane la regarde contrariée et lui dit :Non ce n’est pas des vitamines ma mère dit que c’est du jus. Sabrina (4 ans) et Sara-Jane (3 ans)

     Ma petite Rose toussait énormément. Je lui demande à la blague : Où as-tu appris à tousser comme ça? Elle répond : C’est parce que je tousse en anglais! Rose (3 ans)

     Pendant la collation où nous mangeons des pommes Dani me dit que les pommes sont les fruits du pommier. Je décide donc de faire un jeu et de demander ce que les arbres nous apportent. Je commence avec le chêne, ils me répondent le gland. L’érable , ils pensent et me disent le sirop d’érable et la sève. Que nous donne le sapin? Je m’attends à ce qu’ils me répondent des cocottes mais Dani très vite me répond mais des lumières. Dani (4 ans).

    Le papa de Ann-Clara lui demande toujours ce qu’elle a mangé à la garderie et elle répond toujours des insectes (raisins secs). Ann-Clara (2 ans)

    Un jour que mon fils est malade, je lui dis : Vient que je te prenne la température. Tout effrayé il me répond : Non pas le parcomètre! Samuel (3 ans)

     Lors d’un stage en garderie, Elaine me dit : Michèle regarde le porc-isson! (porc-épic et hérisson). Elaine (4 ans)

     Avec mes petits amis, nous parlions des journées de fête dont la Saint-Jean-Baptiste. Cindy me demande : Est-ce que le singe Baptiste va venir nous voir. Cindy (3 ans)

    David pointe son doigt vers la fenêtre et me dit allume, allume. Je cherchais bien ce qu’il voulait me faire comprendre jusqu’à ce qu’il s’approche de la fenêtre et qu’il me montre clairement la lune. David (2 ans)

    La première fois que Gabrielle ma petite fille a goûté à de la sauce aigre-douce, elle s’est mise tout à coup à rire. Maman la sauce me chatouille… Gabrielle (2 ans)

     

    source : http://iquebec.ifrance.com/ticoeur/mots_enfants.htm


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  • Cela se passait en plein hiver et les flocons de neige tombaient du ciel comme un duvet léger. Une reine était assise à sa fenêtre encadrée de bois d'ébène et cousait. Tout en tirant l'aiguille, elle regardait voler les blancs flocons. Elle se piqua au doigt et trois gouttes de sang tombèrent sur la neige. Ce rouge sur ce blanc faisait si bel effet qu'elle se dit : Si seulement j'avais un enfant aussi blanc que la neige, aussi rose que le sang, aussi noir que le bois de ma fenêtre ! Peu de temps après, une fille lui naquit ; elle était blanche comme neige, rose comme sang et ses cheveux étaient noirs comme de l'ébène. On l'appela Blanche-Neige. Mais la reine mourut en lui donnant le jour. Au bout d'une année, le roi épousa une autre femme. Elle était très belle ; mais elle était fière et vaniteuse et ne pouvait souffrir que quelqu'un la surpassât en beauté. Elle possédait un miroir magique. Quand elle s'y regardait en disant : Miroir, miroir joli, Qui est la plus belle au pays ? Le miroir répondait : Madame la reine, vous êtes la plus belle au pays. Et elle était contente. Elle savait que le miroir disait la vérité. Blanche-Neige, cependant, grandissait et devenait de plus en plus belle. Quand elle eut atteint ses dix-sept ans elle était déjà plus jolie que le jour et plus belle que la reine elle-même. Un jour que celle-ci demandait au miroir : Miroir, miroir joli, Qui est la plus belle au pays ? Celui-ci répondit : Madame la reine, vous êtes la plus belle ici Mais Blanche-Neige est encore mille fois plus belle. La reine en fut épouvantée. Elle devint jaune et verte de jalousie. À partir de là, chaque fois qu'elle apercevait Blanche-Neige, son cœur se retournait dans sa poitrine tant elle éprouvait de haine à son égard. La jalousie et l'orgueil croissaient en elle comme mauvaise herbe. Elle en avait perdu le repos, le jour et la nuit. Elle fit venir un chasseur et lui dit : - Emmène l'enfant dans la forêt ! je ne veux plus la voir. Tue-la et rapporte-moi pour preuve de sa mort ses poumons et son foie. Le chasseur obéit et conduisit Blanche-Neige dans le bois. Mais quand il eut dégainé son poignard pour en percer son cœur innocent, elle se mit à pleurer et dit : - 0, cher chasseur, laisse-moi la vie ! je m'enfoncerai au plus profond de la forêt et ne rentrerai jamais à la maison. Et parce qu'elle était belle, le chasseur eut pitié d'elle et dit : - Sauve-toi, pauvre enfant ! Les bêtes de la forêt auront tôt fait de te dévorer ! songeait-il. Et malgré tout, il se sentait soulagé de ne pas avoir dû la tuer. Un marcassin passait justement. Il le tua de son poignard, prit ses poumons et son foie et les apporta à la reine comme preuves de la mort de Blanche-Neige. Le cuisinier reçut ordre de les apprêter et la méchante femme les mangea, s'imaginant qu'ils avaient appartenu à Blanche-Neige. La pauvre petite, elle, était au milieu des bois, toute seule. Sa peur était si grande qu'elle regardait toutes les feuilles de la forêt sans savoir ce qu'elle allait devenir. Elle se mit à courir sur les cailloux pointus et à travers les épines. Les bêtes sauvages bondissaient autour d'elle, mais ne lui faisaient aucun mal. Elle courut jusqu'au soir, aussi longtemps que ses jambes purent la porter. Elle aperçut alors une petite maisonnette et y pénétra pour s'y reposer. Dans la maisonnette, tout était minuscule, gracieux et propre. On y voyait une petite table couverte d'une nappe blanche, avec sept petites assiettes et sept petites cuillères, sept petites fourchettes et sept petits couteaux, et aussi sept petits gobelets. Contre le mur, il y avait sept petits lits alignés les uns à côté des autres et recouverts de draps tout blancs. Blanche-Neige avait si faim et si soif qu'elle prit dans chaque assiette un peu de légumes et de pain et but une goutte de vin dans chaque gobelet : car elle ne voulait pas manger la portion tout entière de l'un des convives. Fatiguée, elle voulut ensuite se coucher. Mais aucun des lis ne lui convenait ; l'un était trop long, l'autre trop court. Elle les essaya tous. Le septième, enfin, fut à sa taille. Elle s'y allongea, se confia à Dieu et s'endormit. Quand la nuit fut complètement tombée, les propriétaires de la maisonnette arrivèrent. C'était sept nains qui, dans la montagne, travaillaient à la mine. Ils allumèrent leurs sept petites lampes et quand la lumière illumina la pièce, ils virent que quelqu'un y était venu, car tout n'était plus tel qu'ils l'avaient laissé. - Le premier dit : Qui s'est assis sur ma petite chaise ? - Le deuxième : Qui a mangé dans ma petite assiette ? - Le troisième : Qui a pris de mon pain ? - Le quatrième : Qui a mangé de mes légumes ? - Le cinquième : Qui s'est servi de ma fourchette ? - Le sixième : Qui a coupé avec mon couteau ? - Le septième : Qui a bu dans mon gobelet ? Le premier, en se retournant, vit que son lit avait été dérangé. - Qui a touché à mon lit ? dit-il. Les autres s'approchèrent en courant et chacun s'écria : - Dans le mien aussi quelqu'un s'est couché ! Mais le septième, quand il regarda son lit, y vit Blanche-Neige endormie. Il appela les autres, qui vinrent bien vite et poussèrent des cris étonnés. Ils prirent leurs sept petites lampes et éclairèrent le visage de Blanche-Neige. - Seigneur Dieu ! Seigneur Dieu ! s'écrièrent-ils ; que cette enfant est jolie ! Ils en eurent tant de joie qu'ils ne l'éveillèrent pas et la laissèrent dormir dans le petit lit. Le septième des nains coucha avec ses compagnons, une heure avec chacun, et la nuit passa ainsi. Au matin, Blanche-Neige s'éveilla. Quand elle vit les sept nains, elle s'effraya. Mais ils la regardaient avec amitié et posaient déjà des questions : - Comment t'appelles-tu ? - Je m'appelle Blanche-Neige, répondit-elle. - Comment es-tu venue jusqu'à nous ? Elle leur raconta que sa belle-mère avait voulu la faire tuer, mais que le chasseur lui avait laissé la vie sauve et qu'elle avait ensuite couru tout le jour jusqu'à ce qu'elle trouvât cette petite maison. Les nains lui dirent : - Si tu veux t'occuper de notre ménage, faire à manger, faire les lits, laver, coudre et tricoter, si tu tiens tout en ordre et en propreté, tu pourras rester avec nous et tu ne manqueras de rien. - D'accord, d'accord de tout mon cœur, dit Blanche-Neige. Et elle resta auprès d'eux. Elle s'occupa de la maison. le matin, les nains partaient pour la montagne où ils arrachaient le fer et l'or ; le soir, ils s'en revenaient et il fallait que leur repas fût prêt. Toute la journée, la jeune fille restait seule ; les bons petits nains l'avaient mise en garde : - Méfie-toi de ta belle-mère ! Elle saura bientôt que tu es ici ; ne laisse entrer personne ! La reine, cependant, après avoir mangé les poumons et le foie de Blanche-Neige, s'imaginait qu'elle était redevenue la plus belle de toutes. Elle se mit devant son miroir et demanda : Miroir, miroir joli, Qui est la plus belle au pays ? Le miroir répondit : Madame la reine, vous êtes la plus belle ici, Mais, par-delà les monts d'airain, Auprès des gentils petits nains, Blanche-Neige est mille fois plus belle. La reine en fut bouleversée ; elle savait que le miroir ne pouvait mentir. Elle comprit que le chasseur l'avait trompée et que Blanche-Neige était toujours en vie. Elle se creusa la tête pour trouver un nouveau moyen de la tuer car aussi longtemps qu'elle ne serait pas la plus belle au pays, elle savait que la jalousie ne lui laisserait aucun repos. Ayant finalement découvert un stratagème, elle se farda le visage et s'habilla comme une vieille marchande ambulante. Elle était méconnaissable. Ainsi déguisée, elle franchit les sept montagnes derrière lesquelles vivaient les sept nains. Elle frappa à la porte et dit : - J'ai du beau, du bon à vendre, à vendre ! Blanche-Neige regarda par la fenêtre et dit : - Bonjour, cher Madame, qu'avez-vous à vendre ? - De la belle, de la bonne marchandise, répondit-elle, des corselets de toutes les couleurs. Elle lui en montra un tressé de soie multicolore. « Je peux bien laisser entrer cette honnête femme ! » se dit Blanche-Neige. Elle déverrouilla la porte et acheta le joli corselet. - Enfant ! dit la vieille. Comme tu t'y prends ! Viens, je vais te l'ajuster comme il faut ! Blanche-Neige était sans méfiance. Elle se laissa passer le nouveau corselet. Mais la vieille serra rapidement et si fort que la jeune fille perdit le souffle et tomba comme morte. - Et maintenant, tu as fini d'être la plus belle, dit la vieille en s'enfuyant. Le soir, peu de temps après, les sept nains rentrèrent à la maison. Quel effroi fut le leur lorsqu'ils virent leur chère Blanche-Neige étendue sur le sol, immobile et comme sans vie ! Ils la soulevèrent et virent que son corselet la serrait trop. Ils en coupèrent vite le cordonnet. La jeune fille commença à respirer doucement et, peu à peu, elle revint à elle. Quand les nains apprirent ce qui s'était passé, ils dirent : - La vieille marchande n'était autre que cette mécréante de reine. Garde-toi et ne laisse entrer personne quand nous ne serons pas là ! La méchante femme, elle, dès son retour au château, s'était placée devant son miroir et avait demandé : Miroir, Miroir joli, Qui est la plus belle au pays ? Une nouvelle fois, le miroir avait répondu : Madame la reine, vous êtes la plus belle ici. Mais, par-delà les monts d'airain, Auprès des gentils petits nains, Blanche-Neige est mille fois plus belle. Quand la reine entendit ces mots, elle en fut si bouleversée qu'elle sentit son cœur étouffer. Elle comprit que Blanche-Neige avait recouvré la vie. - Eh bien ! dit-elle, je vais trouver quelque moyen qui te fera disparaître à tout jamais ! Par un tour de sorcellerie qu'elle connaissait, elle empoisonna un peigne. Elle se déguisa à nouveau et prit l'aspect d'une autre vieille femme. Elle franchit ainsi les sept montagnes en direction de la maison des sept nains, frappa à la porte et cria : - Bonne marchandise à vendre ! Blanche-Neige regarda par la fenêtre et dit : - Passez votre chemin ! je n'ai le droit d'ouvrir à quiconque. - Mais tu peux bien regarder, dit la vieille en lui montrant le peigne empoisonné. Je vais te peigner joliment. La pauvre Blanche-Neige ne se douta de rien et laissa faire la vieille ; à peine le peigne eut-il touché ses cheveux que le poison agit et que la jeune fille tomba sans connaissance. - Et voilà ! dit la méchante femme, c'en est fait de toi, prodige de beauté ! Et elle s'en alla. Par bonheur, le soir arriva vite et les sept nains rentrèrent à la maison. Quand ils virent Blanche-Neige étendue comme morte sur le sol, ils songèrent aussitôt à la marâtre, cherchèrent et trouvèrent le peigne empoisonné. Dès qu'ils l'eurent retiré de ses cheveux, Blanche-Neige revint à elle et elle leur raconta ce qui s'était passé. Ils lui demandèrent une fois de plus d'être sur ses gardes et de n'ouvrir à personne. Rentrée chez elle, la reine s'était placée devant son miroir et avait demandé : Miroir, miroir joli, Qui est la plus belle au Pays ? Comme la fois précédente, le miroir répondit : Madame la reine, vous êtes la plus belle ici. Mais, par-delà les monts d'airain, Auprès des gentils petits nains, Blanche-Neige est mille fois plus belle. Quand la reine entendit cela, elle se mit à trembler de colère. - Il faut que Blanche-Neige meure ! s'écria-t-elle, dussé-je en périr moi-même ! Elle se rendit dans une chambre sombre et isolée où personne n'allait jamais et y prépara une pomme empoisonnée. Extérieurement, elle semblait belle, blanche et rouge, si bien qu'elle faisait envie à quiconque la voyait ; mais il suffisait d'en manger un tout petit morceau pour mourir. Quand tout fut prêt, la reine se farda le visage et se déguisa en paysanne. Ainsi transformée, elle franchit les sept montagnes pour aller chez les sept nains. Elle frappa à la porte. Blanche-Neige se pencha à la fenêtre et dit : - Je n'ai le droit de laisser entrer quiconque ici ; les sept nains me l'ont interdit. - D'accord ! répondit la paysanne. J'arriverai bien à vendre mes pommes ailleurs ; mais je vais t'en offrir une. - Non, dit Blanche-Neige, je n'ai pas le droit d'accepter quoi que ce soit. - Aurais-tu peur d'être empoisonnée ? demanda la vieille. Regarde : je partage la pomme en deux ; tu mangeras la moitié qui est rouge, moi, celle qui est blanche. La pomme avait été traitée avec tant d'art que seule la moitié était empoisonnée. Blanche-Neige regarda le fruit avec envie et quand elle vit que la paysanne en mangeait, elle ne put résister plus longtemps. Elle tendit la main et prit la partie empoisonnée de la pomme. À peine y eut-elle mis les dents qu'elle tomba morte sur le sol. La reine la regarda de ses yeux méchants, ricana et dit : - Blanche comme neige, rose comme sang, noir comme ébène ! Cette fois-ci, les nains ne pourront plus te réveiller ! Et quand elle fut de retour chez elle, et demanda au miroir : Miroir, miroir joli, Qui est la plus belle au pays ? Celui-ci répondit enfin : Madame la reine, vous êtes la plus belle au pays. Et son cœur jaloux trouva le repos, pour autant qu'un cœur jaloux puisse le trouver. Quand, au soir, les petits nains arrivèrent chez eux, ils trouvèrent Blanche-Neige étendue sur le sol, sans souffle. Ils la soulevèrent, cherchèrent s'il y avait quelque chose d'empoisonné, défirent son corselet, coiffèrent ses cheveux, la lavèrent avec de l'eau et du vin. Mais rien n'y fit : la chère enfant était morte et morte elle restait. Ils la placèrent sur une civière, s'assirent tous les sept autour d'elle et pleurèrent trois jours durant. Puis ils se préparèrent à l'enterrer. Mais elle était restée fraîche comme un être vivant et ses jolies joues étaient roses comme auparavant. Ils dirent : - Nous ne pouvons la mettre dans la terre noire. Ils fabriquèrent un cercueil de verre transparent où on pourrait la voir de tous les côtés, l'y installèrent et écrivirent dessus son nom en lettres d'or, en ajoutant qu'elle était fille de roi. Ils portèrent le cercueil en haut de la montagne et l'un d'eux, sans cesse, monta la garde auprès de lui. Longtemps Blanche-Neige resta ainsi dans son cercueil toujours aussi jolie. Il arriva qu'un jour un prince qui chevauchait par la forêt s'arrêta à la maison des nains pour y passer la nuit. Il vit le cercueil au sommet de la montagne, et la jolie Blanche-Neige. Il dit aux nains : - Laissez-moi le cercueil ; je vous en donnerai ce que vous voudrez. Mais les nains répondirent : - Nous ne vous le donnerons pas pour tout l'or du monde. Il dit : - Alors donnez-le-moi pour rien ; car je ne pourrai plus vivre sans voir Blanche-Neige ; je veux lui rendre honneur et respect comme à ma bien-aimée. Quand ils entendirent ces mots, les bons petits nains furent saisis de compassion et ils lui donnèrent le cercueil. Le prince le fit emporter sur les épaules de ses serviteurs. Comme ils allaient ainsi, l'un d'eux buta sur une souche. La secousse fit glisser hors de la gorge de Blanche-Neige le morceau de pomme empoisonnée qu'elle avait mangé. Bientôt après, elle ouvrit les yeux, souleva le couvercle du cercueil et se leva. Elle était de nouveau vivante ! - Seigneur, où suis-je ? demanda-t-elle. - Auprès de moi, répondit le prince, plein d'allégresse. Il lui raconta ce qui s'était passé, ajoutant : - Je t'aime plus que tout au monde ; viens avec moi, tu deviendras ma femme. Blanche-Neige accepta. Elle l'accompagna et leurs noces furent célébrées avec magnificence et splendeur. La méchante reine, belle-mère de Blanche-Neige, avait également été invitée au mariage. Après avoir revêtu ses plus beaux atours, elle prit place devant le miroir et demanda : Miroir, miroir joli, Qui est la plus belle au pays ? Le miroir répondit : Madame la reine, vous êtes la plus belle ici, Mais la jeune souveraine est mille fois plus belle. La méchante femme proféra un affreux juron et elle eut si peur qu'elle en perdit la tête.


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  • Il était une fois une petite fille que tout le monde aimait bien, surtout sa grand-mère. Elle ne savait qu'entreprendre pour lui faire plaisir. Un jour, elle lui offrit un petit bonnet de velours rouge, qui lui allait si bien qu'elle ne voulut plus en porter d'autre. Du coup, on l'appela « Chaperon rouge ». Un jour, sa mère lui dit : - Viens voir, Chaperon rouge : voici un morceau de gâteau et une bouteille de vin. Porte-les à ta grand-mère ; elle est malade et faible ; elle s'en délectera ; fais vite, avant qu'il ne fasse trop chaud. Et quand tu seras en chemin, sois bien sage et ne t'écarte pas de ta route, sinon tu casserais la bouteille et ta grand-mère n'aurait plus rien. Et quand tu arriveras chez elle, n'oublie pas de dire « Bonjour » et ne va pas fureter dans tous les coins. - Je ferai tout comme il faut, dit le Petit Chaperon rouge à sa mère. La fillette lui dit au revoir. La grand-mère habitait loin, au milieu de la forêt, à une demi-heure du village. Lorsque le Petit Chaperon rouge arriva dans le bois, il rencontra le Loup. Mais il ne savait pas que c'était une vilaine bête et ne le craignait point. - Bonjour, Chaperon rouge, dit le Loup. - Bonjour, Loup, dit le Chaperon rouge. - Où donc vas-tu si tôt, Chaperon rouge ? - Chez ma grand-mère. - Que portes-tu dans ton panier ? - Du gâteau et du vin. Hier nous avons fait de la pâtisserie, et ça fera du bien à ma grand-mère. Ça la fortifiera. - Où habite donc ta grand-mère, Chaperon rouge ? - Oh ! à un bon quart d'heure d'ici, dans la forêt. Sa maison se trouve sous les trois gros chênes. En dessous, il y a une haie de noisetiers, tu sais bien ? dit le petit Chaperon rouge. Le Loup se dit : « Voilà un mets bien jeune et bien tendre, un vrai régal ! Il sera encore bien meilleur que la vieille. Il faut que je m'y prenne adroitement pour les attraper toutes les eux ! » Il l'accompagna un bout de chemin et dit : - Chaperon rouge, vois ces belles fleurs autour de nous. Pourquoi ne les regardes-tu pas ? J'ai l'impression que tu n'écoutes même pas comme les oiseaux chantent joliment. Tu marches comme si tu allais à l'école, alors que tout est si beau, ici, dans la forêt ! Le Petit Chaperon rouge ouvrit les yeux et lorsqu'elle vit comment les rayons du soleil dansaient de-ci, de-là à travers les arbres, et combien tout était plein de fleurs, elle pensa : « Si j'apportais à ma grand- mère un beau bouquet de fleurs, ça lui ferait bien plaisir. Il est encore si tôt que j'arriverai bien à l'heure. » Elle quitta le chemin, pénétra dans le bois et cueillit des fleurs. Et, chaque fois qu'elle en avait cueilli une, elle se disait : « Plus loin, j'en vois une plus belle » ; et elle y allait et s'enfonçait toujours plus profondément dans la forêt. Le Loup lui, courait tout droit vers la maison de la grand-mère. Il frappa à la porte. - Qui est là ? - C'est le Petit Chaperon rouge qui t'apporte du gâteau et du vin. - Tire la chevillette, dit la grand-mère. Je suis trop faible et ne peux me lever. Le Loup tire la chevillette, la porte s'ouvre et sans dire un mot, il s'approche du lit de la grand-mère et l'avale. Il enfile ses habits, met sa coiffe, se couche dans son lit et tire les rideaux. Pendant ce temps, le petit Chaperon Rouge avait fait la chasse aux fleurs. Lorsque la fillette en eut tant qu'elle pouvait à peine les porter, elle se souvint soudain de sa grand-mère et reprit la route pour se rendre auprès d'elle. Elle fut très étonnée de voir la porte ouverte. Et lorsqu'elle entra dans la chambre, cela lui sembla si curieux qu'elle se dit : « Mon dieu, comme je suis craintive aujourd'hui. Et, cependant, d'habitude, je suis si contente d'être auprès de ma grand-mère ! » Elle s'écria : - Bonjour ! Mais nulle réponse. Elle s'approcha du lit et tira les rideaux. La grand-mère y était couchée, sa coiffe tirée très bas sur son visage. Elle avait l'air bizarre. - Oh, grand-mère, comme tu as de grandes oreilles. - C'est pour mieux t'entendre... - Oh ! grand-mère, comme tu as de grands yeux ! - C'est pour mieux te voir ! - Oh ! grand-mère, comme tu as de grandes mains ! - C'est pour mieux t'étreindre... - Mais, grand-mère, comme tu as une horrible et grande bouche ! - C'est pour mieux te manger ! À peine le Loup eut-il prononcé ces mots, qu'il bondit hors du lit et avala le pauvre Petit Chaperon rouge. Lorsque le Loup eut apaisé sa faim, il se recoucha, s'endormit et commença à ronfler bruyamment. Un chasseur passait justement devant la maison. Il se dit : « Comme cette vieille femme ronfle ! Il faut que je voie si elle a besoin de quelque chose. » Il entre dans la chambre et quand il arrive devant le lit, il voit que c'est un Loup qui y est couché. - Ah ! c'est toi, bandit ! dit-il. Voilà bien longtemps que je te cherche... Il se prépare à faire feu lorsque tout à coup l'idée lui vient que le Loup pourrait bien avoir avalé la grand-mère et qu'il serait peut-être encore possible de la sauver. Il ne tire pas, mais prend des ciseaux et commence à ouvrir le ventre du Loup endormi. À peine avait-il donné quelques coups de ciseaux qu'il aperçoit le Chaperon rouge. Quelques coups encore et la voilà qui sort du Loup et dit : - Ah ! comme j'ai eu peur ! Comme il faisait sombre dans le ventre du Loup ! Et voilà que la grand-mère sort à son tour, pouvant à peine respirer. Le Petit Chaperon rouge se hâte de chercher de grosses pierres. Ils en remplissent le ventre du Loup. Lorsque celui-ci se réveilla, il voulut s'enfuir. Mais les pierres étaient si lourdes qu'il s'écrasa par terre et mourut. Ils étaient bien contents tous les trois : le chasseur dépouilla le Loup et l'emporta chez lui. La grand-mère mangea le gâteau et but le vin que le Petit Chaperon rouge avait apportés. Elle s'en trouva toute ragaillardie. Le Petit Chaperon rouge cependant pensait : « Je ne quitterai plus jamais mon chemin pour aller me promener dans la forêt, quand ma maman me l'aura interdit. »


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  • Il était une fois un roi et une reine. Chaque jour ils se disaient : - Ah ! si seulement nous avions un enfant. Mais d'enfant, point. Un jour que la reine était au bain, une grenouille bondit hors de l'eau et lui dit: - Ton voeu sera exaucé. Avant qu'une année ne soit passée, tu mettras une fillette au monde. Ce que la grenouille avait prédit arriva. La reine donna le jour à une fille. Elle était si belle que le roi ne se tenait plus de joie. Il organisa une grande fête. Il ne se contenta pas d'y inviter ses parents, ses amis et connaissances, mais aussi des fées afin qu'elles fussent favorables à l'enfant. Il y en avait treize dans son royaume. Mais, comme il ne possédait que douze assiettes d'or pour leur servir un repas, l'une d'elles ne fut pas invitée. La fête fut magnifique. Alors qu'elle touchait à sa fin, les fées offrirent à l'enfant de fabuleux cadeaux : l'une la vertu, l'autre la beauté, la troisième la richesse et ainsi de suite, tout ce qui est désirable au monde. Comme onze des fées venaient d'agir ainsi, la treizième survint tout à coup. Elle voulait se venger de n'avoir pas été invitée. Sans saluer quiconque, elle s'écria d'une forte voix : - La fille du roi, dans sa quinzième année, se piquera à un fuseau et tombera raide morte. Puis elle quitta la salle. Tout le monde fut fort effrayé. La douzième des fées, celle qui n'avait pas encore formé son voeu, s'avança alors. Et comme elle ne pouvait pas annuler le mauvais sort, mais seulement le rendre moins dangereux, elle dit : - Ce ne sera pas une mort véritable, seulement un sommeil de cent années dans lequel sera plongée la fille du roi. Le roi, qui aurait bien voulu préserver son enfant adorée du malheur, ordonna que tous les fuseaux fussent brûlés dans le royaume. Cependant, tous les dons que lui avaient donnés les fées s'épanouissaient chez la jeune fille. Elle était si belle, si vertueuse, si gentille et si raisonnable que tous ceux qui la voyaient l'aimaient. Il advint que le jour de sa quinzième année, le roi et la reine quittèrent leur demeure. La jeune fille resta seule au château. Elle s'y promena partout, visitant les salles et les chambres à sa fantaisie. Finalement, elle entra dans une vieille tour. Elle escalada l'étroit escalier en colimaçon et parvint à une petite porte. Dans la serrure, il y avait une clé rouillée. Elle la tourna. La porte s'ouvrit brusquement. Une vieille femme filant son lin avec application, était assise dans une petite chambre. - Bonjour, grand-mère, dit la jeune fille. Que fais-tu là ? - Je file, dit la vieille en branlant la tête. - Qu'est-ce donc que cette chose que tu fais bondir si joyeusement, demanda la jeune fille. Elle s'empara du fuseau et voulut filer à son tour. À peine l'eut-elle touché que le mauvais sort s'accomplit : elle se piqua au doigt. À l'instant même, elle s'affaissa sur un lit qui se trouvait là et tomba dans un profond sommeil. Et ce sommeil se répandit sur l'ensemble du château. Le roi et la reine, qui venaient tout juste de revenir et pénétraient dans la grande salle du palais, s'endormirent. Et avec eux, toute la Cour. Les chevaux s'endormirent dans leurs écuries, les chiens dans la cour, les pigeons sur le toit, les mouches contre les murs. Même le feu qui brûlait dans l'âtre s'endormit et le rôti s'arrêta de rôtir. Le cuisinier, qui était en train de tirer les cheveux du marmiton parce qu'il avait raté un plat, le lâcha et s'endormit. Et le vent cessa de souffler. Nulle feuille ne bougea plus sur les arbres devant le château. Tout autour du palais, une hale d'épines se mit à pousser, qui chaque jour devint plus haute et plus touffue. Bientôt, elle cerna complètement le château, jusqu'à ce qu'on n'en vît plus rien, même pas le drapeau sur le toit. Dans le pays, la légende de la Belle au Bois Dormant - c'est ainsi que fut nommée la fille du roi, - se répandait. De temps en temps, des fils de roi s'approchaient du château et tentaient d'y pénétrer à travers l'épaisse muraille d'épines. Mais ils n'y parvenaient pas. Les épines se tenaient entre elles, comme par des mains. Les jeunes princes y restaient accrochés, sans pouvoir se détacher et mouraient là, d'une mort cruelle. Au bout de longues, longues années, le fils d'un roi passa par le pays. Un vieillard lui raconta l'histoire de la haie d'épines. Derrière elle, il devait y avoir un château dans lequel dormait, depuis cent ans, la merveilleuse fille d'un roi, appelée la Belle au Bois Dormant. Avec elle, dormaient le roi, la reine et toute la Cour. Le vieil homme avait aussi appris de son grand-père que de nombreux princes étaient déjà venus qui avaient tenté de forcer la hale d'épines ; mais ils y étaient restés accrochés et y étaient morts d'une triste mort. Le jeune homme dit alors : - Je n'ai peur de rien, je vais y aller. Je veux voir la Belle au Bois Dormant. Le bon vieillard voulut l'en empêcher, mais il eut beau faire, le prince ne l'écouta pas. Or, les cent années étaient justement écoulées et le jour était venu où la Belle au Bois Dormant devait se réveiller. Lorsque le fils du roi s'approcha de la haie d'épines, il vit de magnifiques fleurs qui s'écartaient d'elles-mêmes sur son passage et lui laissaient le chemin. Derrière lui, elles reformaient une haie. Dans le château, il vit les chevaux et les chiens de chasse tachetés qui dormaient. Sur le toit, les pigeons se tenaient la tête sous l'aile. Et lorsqu'il pénétra dans le palais, il vit les mouches qui dormaient contre les murs. Le cuisinier, dans la cuisine, avait encore la main levée comme s'il voulait attraper le marmiton et la bonne était assise devant une poule noire qu'elle allait plumer. En haut, sur les marches du trône, le roi et la reine étaient endormis. Le prince poursuivit son chemin et le silence était si profond qu'il entendait son propre souffle. Enfin, il arriva à la tour et poussa la porte de la petite chambre où dormait la Belle. Elle était là, si jolie qu'il ne put en détourner le regard. Il se pencha sur elle et lui donna un baiser. Alors, la Belle au Bois Dormant s'éveilla, ouvrit les yeux et le regarda en souriant. Ils sortirent tous deux et le roi s'éveilla à son tour, et la reine, et toute la Cour. Et tout le monde se regardait avec de grand yeux. Dans les écuries, les chevaux se dressaient sur leurs pattes et s'ébrouaient les chiens de chasse bondirent en remuant la queue. Sur le toit, les pigeons sortirent la tête de sous leurs ailes, regardèrent autour d'eux et s'envolèrent vers la campagne. Les mouches, sur les murs, reprirent leur mouvement ; dans la cuisine, le feu s'alluma, flamba et cuisit le repas. Le rôti se remit à rissoler ; le cuisinier donna une gifle au marmiton, si fort que celui-ci en cria, et la bonne acheva de plumer la poule. Le mariage du prince et de la Belle au Bois Dormant fut célébré avec un faste exceptionnel. Et ils vécurent heureux jusqu'à leur mort.


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